Effectuer ses semis

Pour obtenir des légumes dans votre potager, vous avez deux solutions : vous pouvez choisir de planter de jeunes pousses achetées dans le commerce (jardineries ou marchés) ou semer des graines. La première option semble vous certifier que vous aurez des végétaux sains et robustes, si vous en prenez bien soin et que vous leur apportez ce dont ils ont besoin : de l’engrais si nécessaire, du soleil, de l’ombre, de l’eau, des entretiens divers.

Vous n’aurez pas de garantie avec la seconde solution, certaines graines poussent et d’autres non, vous pouvez réussir à avoir très peu voire pas de plante, ou énormément. L’un des intérêts qui me semblent les plus importants réside dans le fait de voir le végétal sortir de terre, se développer et s’épanouir. Ce spectacle réjouit les enfants et leur donne envie de jardiner. Un des autres avantages non négligeables est que vous pouvez choisir des légumes peu connus, voire rares. En effet, les jardineries proposent souvent les espèces et les variétés les plus répandues, à la fois en graines et en plants. Sur Internet, en revanche, les possibilités sont presque infinies : de nombreux sites sérieux vendent des semences plus exotiques ou anciennes : vous pourrez moduler les tailles, les couleurs et même les goûts !

Mais, comment semer au mieux ? comment choisir l’emplacement idéal ? quels sont les soins et entretiens à apporter à vos jeunes protégés ?

Comment semer

Si le principe du semis paraît simple – déposer une graine dans la terre –  il y a néanmoins quelques distinctions à observer.

 

On peut semer en place, en pépinière, en godet, en poquet, en rang, à la volée…

 

Dès qu’il fait suffisamment chaud, en fin de printemps, en été et en début d’automne, vous pouvez effectuer les semis en place, c’est-à-dire directement à l’endroit où la plante grandira et s’épanouira. La période de semis dépend aussi de votre région d’habitation et de son climat plus ou moins favorable : plus tôt le risque de gelées est écarté, plus les semis peuvent être précoces.

 

Si les températures restent encore fraîches, en fin d’hiver ou en début de printemps, il ne vaut souvent mieux pas semer directement en pleine terre, notamment les plantes les plus frileuses. Sauf dans les endroits les plus chauds (notamment le sud de la France), je vous conseille d’attendre patiemment les fameux Saints de glace (les 11, 12 et 13 mai), ou de recouvrir vos semis de mini-serres ou de tunnels prévus à cet effet, en vente en jardineries.

 

Avant les Saints de glace, après lesquels tout risque de gelée est traditionnellement exclu, la solution la plus prudente consiste à semer en pépinière puis à replanter le légume directement dans le potager. On peut choisir de semer dans un bac sous une grande serre, si on a de l’espace dans le jardin, ou dans une mini-serre chez soi. Dans le second cas, il suffit de poser une pastille de tourbe ou de coco dans de l’eau, attendre que la pastille gonfle et y déposer délicatement la graine.

Regarder le végétal sortir de la pastille de tourbe et croître de jour en jour est un véritable enchantement pour les enfants (et les adultes à l’âme enfantine).

Lorsque la plante deviendra suffisamment grande et robuste, et que le climat sera plus clément, vous procéderez au repiquage. Après avoir délicatement pris le jeune végétal avec sa motte, installez-le dans le potager avec soin.

 

Avant la plantation, désherbez patiemment la parcelle. Retournez bien la terre, si possible à la main (n’oubliez pas les gants !) pour éviter de blesser les vers de terre avec un outil (binette par exemple). Si vous trouvez une grosse larve blanche dans la terre, récoltez-la dans votre main (gantée !) et lancez-la le plus loin possible de votre potager pour qu’elle mette du temps à revenir, si un oiseau n’en fait pas son dîner. Il y a deux styles de grosse larve blanche que vous pouvez trouver dans le sol : la larve de hanneton et la larve de cétoine. La première est plus grosse et plus blanche que la seconde, et fait des ravages dans le potager. La deuxième ne fait aucun dégât dans le jardin. En cas de doute, il vaut mieux éloigner un insecte inoffensif que de garder un parasite.

 

L’emplacement est primordial, que ce soit pour un semis ou une plantation. Selon les espèces et les variétés, les légumes n’auront pas tous les mêmes besoins : certains ne supportent que difficilement le soleil, d’autres nécessitent au contraire les bienfaits des rayons pour s’épanouir au mieux, pendant que d’autres s’accommodent de toutes les expositions. Les légumes du soleil (tomate, aubergine, poivron, piment, concombre, courgette), comme leur nom l’indique, réclament de la chaleur et peuvent souffrir d’être trop à l’ombre. Souvent récoltés durant l’été, ils auront été semés dès février (voire janvier) selon les variétés, et installés au potager après les Saints de glace car ils sont bien sûr frileux.

 

Le semis peut s’effectuer de différentes manières, selon le type de potager (en pleine terre, en planche, en carrés ou en lignes), l’espèce concernée et le souhait du jardinier. La profondeur à laquelle vous placerez les graines dépend de la variété et de la qualité du sol.

Semer à la volée consiste à lancer les semences pour qu’elles retombent au hasard. Ce n’est pas un moyen de procéder très répandu pour le potager, et utilisé principalement pour la mâche et le persil.

Une autre manière de procéder consiste à creuser des sillons (deux en général pour le potager en carrés), et à déposer délicatement les graines dans les petits fossés. Les plantes concernées sont surtout les légumes-racines : carottes, radis, navets, poireaux, échalotes, ails, oignons… Lorsque les plants auront grandi, il faudra éclaircir, c’est-à-dire arracher les végétaux les plus petits et frêles car ils empêchent la croissance des plus résistants. C’est pourquoi, je préfère espacer les semences. Certaines graines se présentent directement dans leur sachet sous forme de rubans biodégradables, très pratiques pour être sûr de respecter les distances de sécurité entre les plants.

Dans un potager en carrés, certaines plantes se sèment plutôt à des endroits précis du carré. A la manière d’une face d’un dé à jouer, vous pouvez disposer les graines aux quatre coins du carré, parfois également au centre. J’utilise cette option surtout pour les salades et les betteraves.

Le semis en poquet se pratique en semant quelques graines dans de petits puits réguliers et concerne les grosses graines, principalement les cucurbitacées et les haricots.

Enfin, dans le potager en carrés, si un seul plant doit occuper un emplacement (concombre, courge, tomate, certains choux…), il faudra bien sûr semer uniquement au milieu du carré (ou de manière légèrement excentrée).

Etaler les semis

La période pendant laquelle vous pouvez planter les graines d’une variété donnée dure souvent plus d’un mois. Profitez de ce délai pour étaler vos semis, et donc vos récoltes ! Par exemple, si vous commencez à semer un premier groupe de graines au début de la période, et un second quelques semaines plus tard, les premiers légumes pourront être récoltés dans le même délai avant ceux du deuxième ensemble.

Les intérêts sont multiples : vous pourrez potentiellement déguster de délicieux légumes durant un temps plus long que si vous aviez semé toutes les graines le même jour. De plus, cette solution évite que les récoltes trop abondantes soient concentrées sur un petit nombre de jours : vous pourrez par exemple cueillir vos tomates pendant plusieurs mois !

Un autre bienfait réside dans le fait de pouvoir tester de nouvelles variétés d’un même légume : celles qui sont précoces pourront être semées quelques semaines avant les plus classiques, et même quelques mois avant les tardives. Vous pourrez ainsi alterner les goûts, les formes et les couleurs !

 

Du semis à la plante

 

Après le semis, vous aurez tout le loisir d’admirer la jolie et verte pousse sortir de la tourbe, grandir et s’épanouir vers la lumière. Prenez bien garde à arroser régulièrement les pastilles, mais pas de façon excessive afin qu’éviter la moisissure.

Lorsque la plante aura suffisamment grandi, vous pourrez installer la pastille dans un godet plus grand, rempli de terre. Vous aurez placé plusieurs godets dans un bac recouvert d’un couvercle pour contenir la chaleur ; de telles mini-serres sont disponibles dans les jardineries. Vérifiez fréquemment la santé de vos petits protégés.

Après la plantation directement dans le potager, continuez les entretiens réguliers. Surveillez les apports en eau : lorsque les températures redeviennent clémentes, rétablissez l’arrosage automatique (avec pluviomètre) dans votre potager, il existe d’ingénieux systèmes permettant d’obtenir un goutte-à-goutte, qui ne délivre pas d’eau s’il pleut suffisamment sur les cultures. N’oubliez pas de regarder la sécheresse du sol si vous avez installé des mini-serres ou des tunnels, car l’eau de plus a parfois du mal à parvenir jusqu’aux plantes, ou tout du moins jusqu’à la terre.

 

Testez aussi la qualité de votre sol : on ne travaille pas pareillement une terre pleine d’argile, de sable ou de calcaire. La teneur des différents éléments vous aidera à choisir les apports les plus appropriés et à ne pas rajouter certaines substances.

 

Enfin, certains légumes ont besoin de soins particuliers. Outre le binage, qui concerne presque toutes les cultures, le haricot, le maïs doux et la pomme de terre nécessitent d’être buttés : ramenez de la terre autour de la tige pour faire une petite motte. Le but de cette opération est de renforcer l’implantation dans le sol et, dans le cas du poireau, de blanchir la tige.

 

Pour en savoir plus sur le calendrier des semis, n’hésitez à consulter ma page !