L’agriculture urbaine : un modèle en plein essor ?

Des techniques de compostage adaptées peuvent transformer les déchets organiques urbains en un terreau riche pour les potagers citadins.

L’agriculture verticale est une solution innovante qui maximise l’espace disponible en ville pour la culture de légumes frais.

Des initiatives de permaculture urbaine favorisent la biodiversité et renforcent la résilience des écosystèmes locaux.

Utiliser le mobilier urbain pour faire pousser des plantes, voilà une idée bien originale. Que l’on utilise le toit des bâtiments ou des potagers partagés, cultiver des fruits et des légumes en ville est pourtant une pratique de plus en plus répandue. Mais quels sont les avantages et les limites de ces potagers en ville ?

Qu’est-ce que l’agriculture urbaine

Il s’agit tout simplement de la culture de fruits et de légumes, mais également de plantes aromatiques, de fleurs comestibles et d’arbres fruitiers dans une grande agglomération. On peut effectuer cette production dans des cours, sur des toits, dans des espaces publics, tout est possible !

Exemples

Parmi les lieux les plus insolites, on peut citer le pied de la Tour Eiffel ! Il existe en effet une brasserie à deux pas du symbole de Paris (et de la France) qui abrite sur son toit un grand potager, ainsi qu’une ruche et qu’un poulailler. Ils fournissent au restaurant des fruits, des aromates, des légumes, du miel et des œufs frais tous les jours.

Toujours dans la capitale française, on peut noter aussi la culture de fraises dans des conteneurs. Les fruits sont bien sûr cultivés sans pesticide, dans des malles qui reproduisent toutes les conditions parfaites pour qu’ils poussent bien : l’arrosage, la luminosité et la température sont optimisés. Après la cueillette, manuellement, les fraises suivent un circuit court, car elles sont proposées à la vente en direct ou dans des magasins locaux.

Un peu plus loin, mais toujours en Île-de-France, on peut noter aussi le cas de la commune de Romainville, dans le département de la Seine-Saint-Denis. Une cité maraîchère y voit en effet le jour au printemps 2019. Sa surface est de 1000 mètres carrés répartis sur deux serres, non chauffées, de six et trois étages. La hauteur de ces tours permet aux plantes de capter le maximum de lumière naturelle pour s’épanouir au mieux. On y trouve des fruits et des légumes, mais aussi des fleurs comestibles, dans des bacs de culture. Le sous-sol abrite des champignons. Pour éviter que les températures ne soient trop élevées en été et trop basses en hiver, un système de ventilation est mis en place en haut et en bas des façades. L’arrosage est, quant à lui, assuré par un dispositif de récupération d’eau de pluie. La location de salles pour des séminaires ou des formations, ainsi qu’un restaurant, fournit des revenus pour la gestion des lieux.

Si l’on traverse l’Atlantique, on peut retrouver le principe de l’agriculture urbaine au Canada et aux Etats-Unis. Par exemple, un potager de 250m² s’est installé sur le toit d’un supermarché à Montréal. A 10 mètres au-dessus du trottoir, sont cultivées de nombreuses variétés de légumes. L’un des avantages de ce système réside dans la forte réduction des temps de transport (les fruits et légumes cultivés sur le toit sont vendus dans le magasin quelques étages plus bas), et un autre est d’avoir une période de récolte plus étendue qu’en agriculture classique en raison de la chaleur dégagée par la ville.

Toujours dans cette ville québécoise, un potager occupera bientôt les deux derniers niveaux d’un parking et abritera même plusieurs arbres. A quelques rues de là, un potager suspendu fournit les ingrédients de repas que des bénévoles offrent à des personnes âgées. Un peu plus loin, sur le toit du palais des congrès s’étend un laboratoire d’agriculture urbaine de 3000 m². Le mur végétal qu’il contient permet d’optimiser la surface : l’espace au sol est réduit, la culture s’effectue davantage à la verticale. Le terreau habituel s’est vu remplacé par un textile, fabriqué à partir de fibres recyclées. Le AU/LAB cultive de nombreux fruits et légumes, notamment des fraises et de la vigne.

Avantages

Les bienfaits de l’agriculture urbaine sont multiples. Parmi ceux-ci, nous pouvons citer la dimension humaine : les produits sont frais et ont bénéficié d’un mode de culture respectueux de l’environnement, parfois biologique.

Cela permet également de limiter le transport et d’éviter aux clients d’acheter des fruits et légumes provenant du bout du monde, gourmands en énergie pour traverser le globe en avion ou en bateau.

Un autre intérêt est le gain de place : en végétalisant les éléments déjà présents en ville (toits, parkings, conteneurs…), l’agriculture urbaine évite d’utiliser de nouvelles surfaces pour la culture. En recouvrant les espaces bétonnés de plantes, on contribue également à

l’embellissement de la cité et des bâtiments, sans oublier la réduction de la pollution et la chaleur dégagée par l’activité humaine en ville. De nombreux enfants urbains, et même certains adultes, ne connaissent pas, ou trop peu, la nature. La culture de fruits et légumes en ville leur apprend l’agriculture et le plaisir de travailler la terre, et elle leur permet de découvrir comment une plante pousse, quels soins lui apporter, comment la récolter, etc. Cette activité participe aussi au développement de la biodiversité en ville, et permet aux bourdons et aux abeilles de butiner.

Inconvénients

Le principal désagrément de l’agriculture urbaine est la nécessité de l’aménagement. En effet, alors qu’à la campagne il suffit parfois de désherber le sol et de semer en pleine terre, il faut en ville apporter des bacs, de la terre, parfois mettre à niveau le sol, transporter des outils, gérer le surplus d’arrosage pour éviter d’inonder les voisins, etc.

Le second inconvénient est que, bien que souvent cultivés sans pesticide, les légumes ne poussent pas en pleine terre. Ils poussent dans des bacs, parfois petits, dont le contenu a été rempli par une personne.

 

On pense souvent qu’il faut absolument un jardin immense ou bien vivre à la campagne pour faire pousser des fruits et des légumes. Et bien, non !